mardi 5 janvier 2016

2) Le milieu social influe sur le niveau de l’éducation (reproduction sociale)


On appelle reproduction social le maintien de la position sociale d’une génération à l’autre par la transmission d’un patrimoine qu’il soit matériel ou immatériel.


Bourdieu (« Les héritiers ») décrit ce phénomène. Ainsi, certains héritent des bonnes positions sociales (d’où les héritiers) en opposition aux autres qui sont les déshérités. Bourdieu met donc en avant l’inégalité de dotation de capital économique, social et culturel.
Cependant, l’héritage culturel ne suffit pas à expliquer la reproduction sociale.

Bourdieu

R.Boudon, sociologue français, a une approche différente. Il s’attarde sur la mobilité sociale.
Celle-ci désigne le changement de position sociale d’un individu par rapport à celle de ses parents (mobilité sociale inter générationnelle) ou au cours de sa vie (intra générationnelle). Ce concept sociologique analyse la circulation des individus entre les différentes positions de l’échelle sociale. La mobilité sociale peut être ascendante (ouvrier vers cadre), descendante (cadre vers ouvrier) ou horizontale (ouvrier vers employé).
Ainsi, pour Boudon, c’est la peur de connaître un immobilisme social descendant qui va contraindre l’enfant de cadres à poursuivre ses études pour arriver au même niveau professionnel de ses parents.
Boudon met donc en avant les choix individuels et le calcul coût-avantages auquel procèdent l’individu et sa famille. 

Portrait de Raymond Boudon
Raymond Boudon

Les théories de Bourdieu et Boudon sont différentes .Elles peuvent cependant se compléter. 

C.Peugny, sociologue français, étudie également la reproduction sociale en France. En 2013, il publie un ouvrage « Le destin au berceau : inégalités et reproduction sociale ».
Dans cet ouvrage, il montre, dans un premier temps, que la mobilité sociale, qui s’était accrue dans les années 1960 et 1970 a commencé, dans les années 1980, à se ralentir pour, depuis une dizaine d’années, connaître une régression. Il parle de phénomène de « moyennisation » de la société française .

La reproduction sociale est désormais forte : aujourd’hui, 7 enfants de cadre sur 10 occupent un emploi d’encadrement et 7 enfants d’ouvrier sur 10 occupent un emploi d’exécution. Cependant, en dépit de cette évolution, le sentiment d’appartenance aux « classes moyennes » continue à être exprimé par 60% des Français. Il met en cause l’école dans cette forte reproduction sociale. Il estime que la « démocratisation-massification » scolaire a plutôt profité aux jeunes des milieux intermédiaires, tandis qu’aux deux extrémités de l’échelle sociale, le milieu social d’origine reste fortement prédictif des chances de réussite scolaire et influence aussi la rentabilité que les jeunes peuvent tirer de leurs diplômes.

Il propose ensuite des pistes pour « faire en sorte que rien ne soit définitivement joué », donc pour « desserrer l’étau de la reproduction sociale » : il faudrait repenser le système éducatif et le système de formation professionnel.

Camille Peugny

L’école de la réussite pour tous doit être possible. C’est en ce sens qu’il faut œuvrer.

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